IBM à Paris.
Les années 1968-1975.
Ou comment je suis devenu « premier dépanneur technique » chez IBM à 23 ans.
Octobre 1968 fin de mon service militaire.
Après trois jours de tests chez IBM à Paris j’ai été embauché. Le premier Novembre 1968 j’ai commencé ma formation initiale.
Après 3 semaines de formations et des tests (tous les jours), sur les 30 embauchés initialement seulement une dizaine ont été désigné pour suivre la formation sur les grands ordinateurs IBM.
Après 5 mois de cours, la formation initiale terminée, j’ai été muté à Paris Centre.
À cette période 80 pourcent des grands ordinateurs étaient des ordinateurs IBM. Et les 9/10 étaient sur Paris.
Paris était divisé en quatre agences IBM. : Paris centre, Paris Nord, Paris Ouest et Paris Sud.
A Paris Centre l’agence centrale était rue de Réaumur à côté du journal France Soir.
Sur la centaine de grands ordinateurs IBM de Paris Centre seulement moins d’une dizaine étaient des IBM 360 type 50 et 60, tous les autres étaient des IBM 360 type 30 et 40.
Pour dépanner ces ordinateurs type 30 et 40 nous étions environs une vingtaine de techniciens dont l’appellation étaient « inspecteurs IBM ». Nous étions répartis repartis en 3 groupes. (3 secteurs)
Donc chaque inspecteur IBM avait en charge 4 à 5 clients et on travaillait en binôme.
Dans le contrat d’entretien signé par le client une demi-journée par semaine était réservé à l’inspecteur IBM pour faire l’entretien de l’ordinateur. Les ordinateurs étaient donc arrêtés une demi-journée par semaine.
On travaillait par deux, car en cas de panne, un inspecteur allait sur la panne pendant que l’autre continuait l’entretien.
Chez chaque client, un bureau attenant à la salle informatique était réservé pour les inspecteurs IBM. En plus d’un bureau avec téléphone était stocké les livres des machines sur des chariots à roues, les pièces détachées d’usure courante et un oscilloscope.
Au printemps 1969 on m’a donné comme secteur de travail les clients qui étaient tout autour de la place de la Bourse de Paris. Mes premiers clients ont été : Havas, le Club Méditerranée, la banque Worms et les MNPP qui sont les messageries de presse parisiennes.
Quelques mois plus tard on m’a confié un seul client, mais qui était atypique, c’était la Bourse de Paris. En pratique c’était la Compagnie Général des Agents de Change, ce sont eux qui gèrent la Bourse de Paris.
Ce client était atypique car dans la même salle on avait 5 ordinateur IBM 360 type 30. Et il leur fallait au minimum 3 ou 4 ordinateurs fonctionnels de 12 h à 20 h pour sortir et publier la cotation de la Bourse.
Quand je suis arrivé chez le client, je n’ai pas bien compris ce que l’inspecteur IBM (que j’allais remplacer) m’expliquait jusqu'à ce que je m’aperçoive qu’il avait laissé une ou deux pannes intermittentes sur chacune des machines.
Il m’a fallu plusieurs semaines pour éliminer, une par une, toutes ces pannes intermittentes.
Au bout d’un mois ou deux je n’avais plus de panne. J’arrivais le matin à 8 et je faisais l’entretien d’une machine de 8 h à 10 h puis les 5 ordinateurs étaient disponibles pour le client. Le responsable informatique de la Bourse de Paris était très satisfait il me l’a dit, puis la dit à mon chef, aussi quelques temps plus tard je me suis trouvé muté au Nord de Paris Centre.
C’est un phénomène bien connu qui fait qu’une personne qui est très apprécié par le client est rapidement enlevé pour la positionner dans un secteur où les clients sont mécontents du service.
Mon nouveau secteur partait des grands boulevard (à 500 m au Nord de la place de la Bourse) pour aller jusqu’à Pigalle en bas de la butte Montmartre. (Principalement le 9 eme arrondissement de Paris)
J’avais quelques Banque comme la Banque Rothschild, la Banque Française du Commerce Extérieur (BFCE) mais la plus part de mes clients étaient des compagnies d’assurance comme : GAN Vie, Axa Incendie, La Paternelle etc..
Nous étions déjà début 1970.
Mes collègues de travail étaient des vieux. Ils avaient 40 ans et plus.
C’étaient des spécialistes pour les pannes mécaniques et électromécanique mais remonter une panne en suivant des circuits logiques ce n’était pas évident pour eux et surtout s’il fallait suivre des signaux sur les deux sondes de l’oscilloscope en même temps. (C'est-à-dire se synchroniser sur un signal pour en regarder un autre.)
Rapidement ils ont compris que j’étais bien meilleur qu’eux sur les panes électroniques. Et pour la plupart cela leur allait bien.
Mais il y avait très peu de panne électronique.
Si on avait environ une panne par semaine par client et par ordinateur c’était la plupart du temps des pannes mécaniques ou électromécaniques mais très rarement une panne électronique. Et dans les pannes dit électroniques plus de la moitié étaient des pannes purement électriques. (Panne de relais etc..).
En cette période il fallait qu’un inspecteur par secteur commence le travail à 6 h du matin pour faire la jonction entre l’agence de nuit qui finissait le travail à 6 h et les inspecteurs qui arrivait à 8h.
Comme j’étais célibataire je le faisais souvent car je recherchais les pannes électroniques et beaucoup de panne électronique arrivaient au démarrage des ordinateurs.
C’est ainsi qu’un matin j’arrive chez mon client la BFCE à 6 h et j’appelle l’agence de nuit qui me dit qu’il ne restait pas de panne en attente.
Vers 7 h le téléphone sonne, tout le central de dispatching (ou était reçu les appels), était affolé une dizaine de client IBM étaient tombés en panne en même temps.
Je vais chez le client le plus proche et, effectivement, j’avais une vraie panne électronique et il m’a fallu plus de deux heures pour la trouver.
La carte défectueuse ayant été identifié j’ai appelé le stock de pièces électroniques IBM sous douane d’ORLY pour me l’à faire envoyer par taxis. Une heure plus tard j’ai reçu la carte je l’ai changé et, ho surprise, j’avais encore une autre panne sur une autre machine un Contrôleur de Bandes Magnétiques. En poussant plus mes tests un autre contrôleur était lui aussi en panne. Ce cas de figure n’était, à ma connaissance, jamais arrivé.
Après le deuxième taxi et la réparation, ce n’est que vers 10 ou 11 heure du matin que mon premier client a été dépanné.
Si la plupart des autres clients en panne avaient reçu un inspecteur IBM pour leur panne il en restait encore 2 qui n’avaient vu personne depuis 7 h du matin.
Je cours dépanner un des 2 clients qui n’avait vu personne. Heureusement je savais ce que je devais chercher et mon dépannage a été plus rapide.
Vers 2 ou 3 heure de l’après-midi j’avais fini le deuxième dépannage et mon chef me demande d’aller aider mes collègues qui n’arrivaient pas à dépanner.
Je commence à faire le tour des clients en panne pour aider mes collègues et mon chef spécifie bien que je dois dépanner mais que ce sont eux qui restent chez le client pour attendre les taxis et changer les pièces. J’ai travaillé toute la journée et toute le nuit.
Ce qui fait que le lendemain matin, vers 10 heure, je pointe la dernière carte en panne et mon chef m’envoie me coucher après plus de 30 heures de dépannage d’affilé.
Je pense avoir dépanné la plupart des machines tombées en panne ce jour-là.
Une ou deux semaines plus tard il y a une réorganisation complète du travail en secteur à Paris Centre avec la création d’un groupe d’intervention de premier niveau pour traiter les pannes électroniques.
En théorie on devait chacun son tour passer responsable d’intervention pour les pannes électroniques. En pratique c’était toujours moi excepté quand j’étais en formation ou en vacances.
Bien sûr j’allais le premier en formation sur les nouvelles machines et c’est moi qui les installait.
C’est pourquoi je suis intervenu en dépannage sur pratiquement tous les client d’IBM Paris centre ; de la Banque de France à Finimétal en passant par Boussac ou les Galerie Lafayette.
Même si j’aimais beaucoup mon métier, je faisais beaucoup d’heures et souvent j’arrivais à 60 h par semaine. Cela ma fatiguée c’est pour cela que j’ai demandé à venir travailler sur Lyon en 1975.